Statue d'un penseur socialiste célèbre
Statue d’un penseur socialiste célèbre. Photo par Lian Begett.

Non, je ne suis pas anti socialiste. Mais…

Régulièrement, on m’interpelle : « pourquoi n’êtes-vous pas alliés avec toute la gauche ? Et en particulier avec le Parti socialiste ? ». Il est vrai que le système politique français est fait pour que deux blocs s’affrontent. Et, si l’on veut compter, il faut s’inscrire dans l’un ou l’autre de ces blocs. Pour autant, s’allier ne veut pas dire s’aimer. Et les différences sont nombreuses entre écologistes et socialistes.

Une fois expliqué cela, celles et ceux qui ont du mal avec la nuance m’accusent d’être anti-socialiste, puisque je ne veux pas d’une alliance systématique avec eux (tout comme eux ne veulent pas d’une alliance avec nous, mais ça, ils l’oublient vite). Je ne suis bien sûr pas anti-socialiste. Le socialisme est une très belle idée théorique, portée par des gens inspirants comme Saint Simon, Fourier ou Proudhon, qui ont été des maîtres à penser pour moi lorsque j’étais étudiant, au début des années 90. J’étudiais les systèmes politiques, dont le socialisme et le communisme, notamment avec Stéphane Courtois, qui a coordonné « le livre noir du communisme » entre autres. Ou avec Alain Caillé, qui a lancé le mouvement convivialiste, dans lequel je m’inscris pleinement.

Le socialisme, ce sont aussi des gens comme Piaget, qui ont tenté l’aventure. Ou même Rocard, et même lorsqu’il était parti du PSU pour tenter l’aventure du pouvoir en rejoignant le PS. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de plaisir à fréquenter ce grand homme lorsque je travaillais au Parlement européen.

Par contre, je suis anti idées du 20è siècle. Car nous sommes au 21è, et les enjeux auxquels nous devons faire face ne sont plus ceux qui étaient portés par tous ces penseurs. Et donc, je suis vigoureusement attaché à défendre des idées qui correspondent à ces enjeux. On ne peut plus juste vouloir une répartition des richesses plus équitable. Il faut en plus y intégrer la finitude des ressources naturelles et la situation climatique, qui pourrait faire basculer notre civilisation dans le chaos en plus de creuser les inégalités sociales. C’est pour cela que je suis engagé pour l’écologie politique, et non le socialisme.

J’ai beaucoup été raillé, pendant ces 32 ans que j’ai déjà consacré à la cause écologiste. Beaucoup par des gens issus de nombreux courants politiques, dont le Parti socialiste. Qui m’ont régulièrement et avec constance, appelé à plus de « réalisme » ou qui m’ont expliqué que je n’y comprenais rien. Et puis, un jour, j’ai vu le mot « écologie » arriver sous le logo du PS…

Alors, oui, depuis, je me permets de me gausser quelque peu de celles et ceux qui pensent faire de l’écologie, mais n’en ont toujours pas compris la teneur profonde. Je suis donc prêt à m’allier avec eux, à condition qu’ils respectent nos valeurs sans chercher à nous imposer les leurs. Car elles sont dépassées.