Photo de Kristopher Roller sur Unsplash, l'hydrogène magique

L’hydrogène, énergie du futur pour les transports ? C’est loin d’être une évidence. Même si le maire du Mans prétend le contraire.

Comme vous le savez probablement, sous la houlette de Stéphane Le Foll, la collectivité du Mans et sa métropole ont décidé d’investir massivement dans l’hydrogène, pariant sur le fait que ce sera une source d’énergie décarbonée dans le futur. Celui qui aime qu’on l’appelle « Maire Président ancien Ministre » a plusieurs fois indiqué que l’hydrogène, c’est magique, puisqu’il n’y a « que de l’eau qui sort du pot d’échappement » (sic), induisant au passage qu’il envisage que l’hydrogène vert soit un nouveau carburant pour véhicules. D’ailleurs, il a déjà fait acheter des bus et des camions poubelles à moteurs électriques d’origine hydrogène. Et il soutient le projet de voitures de courses à hydrogène pour le circuit des 24 heures.

De mon côté, je suis très sceptique sur ces solutions technologiques que personne ne maîtrise mais que plein de gens trouvent super, surtout parce qu’elles permettent de ne rien changer à nos pratiques quotidiennes. Mais je ne suis pas expert en énergie. Alors, je m’informe. Et j’ai trouvé un article d’Aurélien Bigo, chercheur associé de la Chaire Énergie et Prospérité à l’Institut Louis Bachelier. Cet article est paru dans la revue de Polytechnique Paris, que l’on peut difficilement soupçonner d’être anti-technologie, vue l’orientation de cette grande école d’ingénieurs.

« L’hydrogène ne doit pas être vu comme une solution miracle pour décarboner les transports, car il ne l’est pas« 
Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports

Et qu’y écrit Aurélien Bigo ? « L’hydrogène ne doit pas être vu comme une solution miracle pour décarboner les transports, car il ne l’est pas« . Et aussi que « Surtout, comme pour les autres technologies de décarbonation, l’hydrogène ne doit pas être utilisé comme un prétexte pour cacher l’urgence de la sobriété dans les transports afin de réduire rapidement ses émissions… »

Lors de sa venue au Mans en janvier dernier, Damien Carême, Député européen et ex maire de Grande Synthe (commune limitrophe de Dunkerque), indiquait lui qu’il pensait que l’hydrogène vert était une piste à explorer, mais qu’il devait avant tout, voire exclusivement, être destiné à décarboner l’industrie, grosse utilisatrice d’hydrogène déjà aujourd’hui, et notamment le site de Arcelor Mittal du Nord. En effet, le site de Dunkerque de ce spécialiste de l’acier relâche à lui seul plus de 11 millions de tonnes de CO2 chaque année !

Des arguments à transmettre à celles et ceux qui défendent que notre collectivité sarthoise alloue 21 millions à la question. Budget largement abondé par la Région (17 M€ seront consacrés au développement des transports à hydrogène) et le Département (via le syndicat mixte du circuit des 24 heures, qui développe une compétition pour voitures à hydrogène !).

Sources :

* Les 10 choses à savoir sur l’hydrogène dans les transports (Polytechnique Insights)

* C’est de l’hydrogène vert dont nous avons besoin ! (Damien Carême)

* Le Mans: un plan à 21 millions d’euros pour des transports à l’hydrogène (Le Figaro)

* 100 millions d’euros en faveur de l’hydrogène (Région Pays de la Loire)

* Une première station hydrogène en Sarthe (Département de la Sarthe)

2 réponses à “L’hydrogène, énergie du futur pour les transports ? C’est loin d’être une évidence. Même si le maire du Mans prétend le contraire.”

  1. Avatar de Christian Boudy
    Christian Boudy

    Bonjour à tous,
    Les arguments écologistes sont essentiels. Ils ne sont pas toujours ceux du progrès. Par exemple l’usage de la roue fut refusé par les Incas : ils y voyaient la perte d’une dimension humaine liée à la marche et à l’accélération du temps.
    Les nouvelles énergies sont très certainement une évolution, même si elles n’ont pas toutes le même Impact écologique.
    Ce que nous pouvons observer avec l’hydrogène, c’est d’abord et surtout une capacité d’usage rationnel et stockage de l’énergie. La façon de produire de l’hydrogène va peu à peu se réguler à partir des énergies naturelles. Par contre nous devons dès à présent générer des habitudes d’usage afin de rationaliser la consommation énergétique.
    Quel que soit le moyen naturel utilisé pour produire de l’énergie, il est intermittent. Il faut stocker l’énergie naturelle pendant sa période de production dans un accumulateur, et l’utiliser en fonction des besoins.
    L’un des meilleurs accumulateurs, c’est l’hydrogène. Pour éviter de créer un goulot d’étranglement dans le chemin critique de notre transformation énergétique, nous devons apprendre à faire un usage énergétique de l’hydrogène sans attendre la pleine capacité de production verte.

    1. Avatar de Ludovic Bu

      Merci Christian pour ce commentaire documenté et courtois. J’ai juste une question en réponse : et si nous n’arrivons jamais à produire de l’hydrogène vert, que ferons-nous de ces usages énergétiques de l’hydrogène que nous aurons créé et auxquels il faudra bien continuer à fournir de l’énergie ?

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2 commentaires

  1. Bonjour à tous,
    Les arguments écologistes sont essentiels. Ils ne sont pas toujours ceux du progrès. Par exemple l’usage de la roue fut refusé par les Incas : ils y voyaient la perte d’une dimension humaine liée à la marche et à l’accélération du temps.
    Les nouvelles énergies sont très certainement une évolution, même si elles n’ont pas toutes le même Impact écologique.
    Ce que nous pouvons observer avec l’hydrogène, c’est d’abord et surtout une capacité d’usage rationnel et stockage de l’énergie. La façon de produire de l’hydrogène va peu à peu se réguler à partir des énergies naturelles. Par contre nous devons dès à présent générer des habitudes d’usage afin de rationaliser la consommation énergétique.
    Quel que soit le moyen naturel utilisé pour produire de l’énergie, il est intermittent. Il faut stocker l’énergie naturelle pendant sa période de production dans un accumulateur, et l’utiliser en fonction des besoins.
    L’un des meilleurs accumulateurs, c’est l’hydrogène. Pour éviter de créer un goulot d’étranglement dans le chemin critique de notre transformation énergétique, nous devons apprendre à faire un usage énergétique de l’hydrogène sans attendre la pleine capacité de production verte.

    1. Merci Christian pour ce commentaire documenté et courtois. J’ai juste une question en réponse : et si nous n’arrivons jamais à produire de l’hydrogène vert, que ferons-nous de ces usages énergétiques de l’hydrogène que nous aurons créé et auxquels il faudra bien continuer à fournir de l’énergie ?

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